lundi 11 juin 2007

Néocolonialisme ?



Pour faire suite à ma présentation de Jean Ziegler et du "Marché de la faim", quelques mots sur ce qui se passe actuellement en Afrique concernant les relations commerciales avec l'Europe.



Une association, P.E.A.C.E. (plate forme des étudiants africains pour un commerce équitable) a organisé le 12 mai 2007, lors de la journée mondiale pour le commerce équitable, une manifestation contre les A.P.E. (accords de partenariats économiques). Soutenue par Oxfam international, cette association dénonce le risque d'une mort programmée de l'agriculture ouest-africaine.

La mise en place des APE est prévue pour janvier 2008.
Depuis 1963 à Yaoundé (Cameroun) , et jusqu'aux accords de Cotonou (Bénin) le 23 juin 2000 en passant par la convention de Lomé (Togo) en 1975, la C.E.E. n'a cessé de mettre en place des traités de "coopération" économique avec les pays de l'A.C.P. (Afrique, Caraïbes, Pacifique) . Il s'agit surtout pour l'Europe de maintenir sa place en Afrique en imposant les règles ultralibérales de l'OMC et en instrumentalisant les principes de générosité et de solidarité (voir l'article du Monde Diplomatique).


Vouloir imposer la libéralisation des échanges, le modèle économique occidental, aux pays de l'ACP, montre une fois de plus à quel point la volonté du pouvoir économique ignore les différences culturelles, les enjeux écologiques et surtout la survie des populations.

Dans un article paru le 2 juin dans le Soleil de Dakar, Mamadou Sy reprend les propos du Dr Antoine Bouet, chercheur senior à l'Institut International de Recherches sur les politiques alimentaires (Ifri Institut français des relations internationales) de Washington et ancien conseiller scientifique du Centre d'Etudes Prospectives et d'Informations Internationales de Paris.

"Les APE auront des effets défavorables sur l'économie nationale", a dit M. Bouet, qui était à Dakar pour renforcer l'expertise de l'Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra) .
Il a estimé que l'ouverture des frontières douanières va être " un stimulant majeur pour les importations des produits étrangers au Sénégal" et aura pour principale conséquence la détérioration des termes de l'échange.

Pour lui, la mise en place de ces accords va également entraîner la "dégradation de la balance commerciale" qui s'accompagnera de pertes de recettes douanières représentant une part importante des recettes fiscales pour ce pays. Ces pertes représentent, selon lui, un manque à gagner très important pour les entreprises de production locales et vont, en raison de la baisse des prix mondiaux, pousser le Sénégal à acheter davantage de produits européens qu'il n'en exporte.

Ce qui reprend les propos du film "le marché de la faim" : les produits importés d'Europe sur un marché de Dakar coûtent moins chers que la production locale.

Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

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